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En revanche, les professeurs français font moins d’heures de cours que leurs collègues de l’OCDE, mais plus de travaux administratifs.  Et tout cela pour arriver à une conclusion : le coût des études secondaires est plus élevé en France que dans les autres pays de l’OCDE et surtout…les résultats sont plus mauvais ! 

Voilà près de 50 ans que l’Education Nationale a imposé un régime qui ne tient compte ni de la fatigue des élèves (on compte 45 heures par semaine en 1èreS dans certains établissements), ni de l’efficacité de l’enseignement… 

On peut encore ajouter le cas très particulier de l’enseignement des mathématiques en France. C’est ainsi que Bernard Hugonnier, directeur de l'Éducation à l'OCDE, déclarait à ce propos : « En France, beaucoup de parents rêvent de voir leurs enfants à Polytechnique ou dans une grande école d'ingénieurs. Surtout, la voie royale pour accéder aux études supérieures reste le bac scientifique. Il y a donc une pression démesurée des parents et des enseignants ». 

Ce stress fait de la France le pays qui affiche les plus mauvais résultats scolaires de l’OCDE dans le domaine de l'enseignement des mathématiques. 

Une réforme de l’Education Nationale n’est donc pas une utopie, mais une nécessité absolue pour faire face à une situation qui se dégrade sans cesse.  Plusieurs points sont à retenir : 

a) La cassure beaucoup trop grande entre "l'administration de l'EN" et les parents d'élèves. Il ne s'agit pas ici des enseignants, mais des personnels administratifs : rectorat, inspection, proviseurs, principaux de colléges.La règle est une forme à peine nuancée de mépris. Un parent doit attendre le bon vouloir pour obtenir un rendez-vous. Dans les cas les plus graves, il peut voir ses enfants subir des pressions sans pouvoir intervenir. On a ainsi le cas d'un principal de collège (muté deux fois pour des raisons obscures) qui avait interdit aux enseignants de donner rendez-vous ou de répondre aux courriers de certains parents. Ailleurs, c'est l'inspection qui créé une zone de non droit autour d'une famille qui a osé porter plainte contre un responsable d'établissement pour son comportement "pédophile".  Ici, il s'agit de proposer un renforcement du statut du parent face à l'EN. 

b) L'orientation est un point dramatique, car totalement absent du cursus scolaire en ce sens que la plupart des routes débouchent sur les grandes écoles et que rien n'est prévu...ou presque ...pour ceux qui ne prendront pas ce chemin. Ce ne sont pas les brochures et les salons de toutes sortes qui sont en cause, mais la structure des filières d'enseignement face à la structure des filières professionnelles. On a des études de lettres qui semblent mener nulle part, alors qu'elles ouvrent sur une foule de concours et de professions toutes aussi nobles que celles d'ingénieur et qui sont désormais tout aussi "rentables". Par ailleurs, pour ceux qui ont suivi des « prépas » de haut niveau, mais qui ont échoué à un dixième de point à un concours...rien n'est prévu.

Pire, on se souvient, il y a quelques temps des cartons d'invitation d'un grand ministère où était mentionné : TPE-Pont à coté des prestigieux X-Pont. Tout cela bien sûr avec une connotation fortement péjorative. 

c) Le nombre des enseignants ne doit en aucun cas être réduit, mais bien au contraire augmenté. C'est une question de pure bon sens dans une société dont l'avenir de peut plus passer que par la R&D et les technologies de pointe. On remarquera d'ailleurs : 

1) Des milliers de jeunes se sont préparés depuis des années à entrer dans l'enseignement. Leur dire aujourd'hui, que ce n'est plus possible consttitue à l'évidence une faute. Ils seront contraints à se reporter sur des carrières qui ne les intéressent pas et dans le pire des cas, à prendre des postes "d’attente" en souhaitant ardemment un changement de majorité...et peut-être en faisant tout ce qui est en leur pouvoir pour y conduire. 

2) L'économie française ne se porte déjà pas très bien. Un surcroît de chômeurs ou encore une baisse supplémentaires de la consommation par le manque de distribution des salaires prévus pour ces jeunes enseignants est une très mauvaise solution d'appui à une relance.  

d) Dans l'enseignement supérieur, certains enseignants ont jusqu'à trois ou quatre bureaux dans Paris et à des adresses prestigieuses (on a cité le cas d'un homme exceptionnel qui en avait 8 !). Il faut ajouter les secrétariats, les voitures de fonction et ne pas oublier les appartements du même nom. L'enseignement supérieur est pour certain un véritable « eldorado ». On peut même rappeler cet enseignant qui en rajustant son pantalon devant une centaine d'étudiants déclarait qu'il gagnait 100 000 f. par mois et que toute personne, qui dans le système actuel, n'était pas capable de gagner une telle somme ne méritait pas le moindre regard ! 

Or, la recherche est justement "bloquée" en France, non par les jeunes chercheurs, mais par ces "mandarins" réellement très mandarins !  Libérer la recherche, c'est bien entendu trouver d'autres voies que celles qui passent par les commissions, les instituts et les autres "critères d'évaluations" créés le plus souvent par ces hauts dignitaires et dans l'optique de servir de "verrous". 

Rappelons quand même pour mémoire que la grande majorité des professeurs d'université n'a pas de salaire à moins de 7000 euros par mois, alors que les jeunes chercheurs restent pendant des années entre 900 et 1500 euros. Faut-il vraiment s'étonner de la "fuite" des cerveaux ? 

Rappelons aussi que le problème de cette recherche française est la faiblesse du nombre de ses publications...mais cela n'a rien d'étonnant vu ce que l'on vient de mentionner. 

Rappelons enfin qu'un nombre non négligeable de personnes de plus de 40 ans reviennent à l'université du fait des vicissitudes du marché de l'emploi et afin de terminer un cycle d'enseignement supérieur, reviennent dans les universités…avec en plus de leur savoir, une expérience irremplaçable qui avait fait dire à Henry Minztberg, que c’était justement ces étudiants là que l’enseignement supérieur devait favoriser en priorité. C’est ce qui se passe aux USA et au Canada…mais ce n’est que projet chimérique en France. 

C’est ce constat qui nous amène à demander l’instauration d’un véritable audit de la recherche et de l’enseignement supérieur en France, mais un audit réellement indépendant où l’on donnera un rôle déterminant à ces commissions paritaires ad hoc constituées d’autant de représentants de la « jeunes recherches » que des « mandarins en postes ». N’oublions pas en effet que ces jeunes chercheurs ont pratiquement tous les mêmes diplômes que ceux qui sont en position dominante et qui ont été nommé au début des années 80...

Ce principe permettrait de lever une des ambiguïtés majeures du projet de réforme en ne donnant pas le premier rôle à un Président d’Université qui est lui-même le produit du choix de ses pairs.  La « vraie recherche » a besoin d’être soutenue et ce sera en grand pas en avant, pour le Gouvernement mais aussi pour la Gauche Moderne, d’avoir été à l’origine de cette remise en ordre réclamée depuis des lustres par tous les milieux de la recherche. Le problème dépasse toutefois le cadre de la seule recherche, car il pose celui de la gouvernance...si peu travaillée en France alors que cela devient un des thèmes fondamentaux d'analyse aux USA, Canada et Australie


Jean Michel Béhar
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