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24 décembre 2010 5 24 /12 /décembre /2010 04:33

 

La finance solidaire est-elle efficace dans la lutte contre la pauvreté ? C'est pour répondre à cette interrogation centrée sur les pays du Sud qu'une conférence a été organisée à l'Institut catholique, dans le cadre de la Semaine de la finance solidaire. La chercheuse Hélène Giacobino a présenté les premières conclusions des études d'impact du Labo Lutter contre la pauvreté, créé par Esther Duflo en 2003.

A partir d'évaluations conduites dans une trentaine de pays, auprès de populations soutenues par la microfinance et de groupes-tests, les études ont balayé quelques clichés : les prêts consentis à des hommes fonctionnent très bien (même s'ils sont très minoritaires), les remboursements mensuels réduisent les coûts, les prêts avec caution marchent aussi bien que les prêts qui n'en ont pas.

Comme beaucoup d'observateurs, Hélène Giacobino admet que la microfinance n'est pas le remède universel contre la pauvreté et qu'en même temps elle est une partie de la solution, à condition de laisser évoluer ses différents modèles, de mettre en œuvre de nouveaux produits et de se coordonner avec la mésofinance, plutôt tournée vers la création d'entreprises. Le financement d'activités individuelles reste un moyen d'assurer des revenus pour soi et pour sa famille.

C'est une grande différence entre les pays du Nord et du Sud : 40 % des personnes créent leur activité individuelle au Sud, contre 12 % dans les pays de l'OCDE. Dans une deuxième partie de la conférence, les financeurs solidaires ont montré comment l'épargne solidaire pouvait être un soutien pour les projets du Sud.

Depuis quelques années, la SIDI ne consacre plus exclusivement ses fonds à des institutions de microfinance, mais elle se tourne désormais vers des organisations paysannes, en les aidant à se structurer. De son côté, Marc-Henri Stroh, pour Oikocredit, estime que la microfinance s'adresse aux gens qui peuvent être entrepreneurs ; pour les plus pauvres, il faut penser à d'autres solutions. La cible des micro-activités est bien celle de la Cofides, qui se porte garante auprès des banques locales. Hubert de Beaumont, créateur du fonds Afrique de Garrigue et Tech-Dev, pense comme ses collègues, que la microfinance doit être d'abord un outil pour valoriser les ressources locales, en créant de la richesse. Pour que la création d'emplois et de richesses soit significative, le fonds Afrique développe pour sa part une logique de mésofinance, avec des apports plus importants pour des sociétés qui ont du mal à trouver du capital.

Pour tous, la microfinance reste utile, à condition de ne pas lui appliquer des critères de rentabilité financière, mais bien de focaliser sur l'impact social.

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