Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
10 mars 2011 4 10 /03 /mars /2011 05:51

Temps scolaire, temps de travail, temps de vie, la question des temps fait un retour en force dans le débat public en ce début de décennie. Plus le siècle avance, plus nous courons après le temps. Jusqu'à s'y perdre parfois comme le développe un essai d'hartmut Rosa (1) que nous avions chroniqué ici.

Je me souviens des séries de science fiction des années 70. On y voyait l'humanité lutter contre des extra terrestres, contre l'anéantissement de la planète. Mais on voyait très peu cette humanité au travail. Il faut dire que le monde imaginait alors que le progrès technique allait faire disparaitre les taches mécaniques nous laissant plus de temps pour nous consacrer à l'art, aux loisirs, au bien être. Plus près de nous le fabuleux « Wall E » nous montre une société en danger parcequ'ayant asservi la nature pour ses besoins et ayant poussé la « non activité » a son paroxysme. Au point que le moindre mouvement en deviendrais salutaire.

Si cette évolution a été moins rapide et moins fulgurante que les écrivains ne l'imaginaient, il faut reconnaitre qu'elle a tout de même eu lieu. Nous consacrons aujourd'hui globalement plus de temps à nos loisirs et à nôtre bien être qu'au cours des 30 glorieuses qui l'ont surtout été sur le plan de la croissance économique mais pas sur le plan sociétal. De ce point de vue nous sommes beaucoup plus les enfants des révolutions hédonistes de la fin des années 60 que du conseil national de la résistance tant à la mode aujourd'hui.

Mais tout ceci semble aujourd'hui remis en cause comme en témoigne le slogan de Nicolas Sarkozy en 2007 « travailler plus pour gagner plus » ou les débats actuels sur le temps de travail ou les retraites. Car le système capitaliste dans lequel évolue l'économie mondiale a deux moteurs : la croissance et la concurrence.

Au titre de la croissance un besoin doit absolument en chasser un autre. Il en va aujourd'hui des nouvelles technologies comme il en allait hier de la voiture. Toujours plus vite, toujours plus puissant, toujours plus innovant. J'invente de nouveaux services, mieux je les fait naitre, car sans cela mon système s'effondre. Allez ne rigolez pas. Combien d'entre vous on le dernier modèle de téléphone en 3 G avec messagerie intégrée pour ne pas rater la vidéo de ce petit chat ... (référence aux guignols de l'info pour ceux qui ne regardent pas) ?

Et comme cela ne suffit pas il y a un second moteur : la concurrence. Car nous pourrions bien sur, notamment dans les pays développés, estimer que nous avons atteint une qualité de vie suffisante pour ne pas toujours se tuer toujours plus au travail. C'est là qu'entre en jeu la concurrence. Car si nous le décidions, à l'échelle européenne par exemple, alors nous serions vite dépassés par d'autres pays qui revendiquent, fort logiquement, accès aux mêmes services. Et qui pour cela sont prêts à travailler plus. Les tentations protectionnistes n'y changerons rien elles ne feront qu'aggraver le mal tant nos économies sont dépendantes.

En ce début 2011 les français sont parmi les plus pessimistes des pays développés. On les comprend. Espérons seulement qu'on pourra faire naitre un autre modèle. C'est une question de temps.

(1) Accélération : Une critique sociale du temps

Partager cet article
Repost0

commentaires