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1 juin 2010 2 01 /06 /juin /2010 06:36

PARIS — Le secrétaire d'Etat Jean-Marie Bockel (Gauche moderne), qui ne "regrette pas" d'avoir voté, quand il était socialiste, la retraite à 60 ans, ne se "retrouve pas" dans les critiques formulées par Nicolas Sarkozy contre l'héritage de François Mitterrand.

"J'étais député socialiste lorsque François Mitterrand a décidé, en 1983, d'abaisser de 65 ans à 60 ans l'âge légal du départ en retraite", rappelle M. Bockel dans une interview à paraître mardi dans Le Figaro. "J'ai voté le texte et je ne le regrette pas".

"Autant j'étais en désaccord en 1997 sur les 35 heures, autant j'étais favorable à la retraite à 60 ans. En fait, je ne me retrouve pas dans les critiques de la semaine dernière sur François Mitterrand. Pour juger de son action, il faut se mettre dans le contexte de l'époque", relève le secrétaire d'Etat à la Justice.

Le chef de l'Etat a regretté que le défunt président Mitterrand ait abaissé l'âge de la retraite de 65 à 60 ans, estimant qu'"on aurait eu beaucoup moins de problèmes" s'il s'était abstenu.

"Nous acceptons que l'âge légal soit modifié, mais nous posons une condition: que la réintégration des seniors sur le marché du travail soit réglée", poursuit M. Bockel. "Pour faciliter leur emploi, la Gauche moderne propose de dispenser les entreprises qui les recrutent de cotisations sociales patronales. Souvenons-nous: la réforme doit être juste!"

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31 mai 2010 1 31 /05 /mai /2010 22:44



Le taux d'activité des seniors est une variable stratégique de la réforme des retraites. En effet, relever l'âge légal de départ à la retraite implique de retarder l'âge réel de départ. Or aujourd'hui, 39% seulement de seniors travaillent quand la moyenne de l'Union européenne est de 44,7 %. 

Une nouvelle proposition vise à réduire les charges patronales et salariales pour toute embauche d'un senior qui peut faire valoir son droit à la retraite mais souhaite continuer à travailler. Une mesure incitative pour des actifs dont le salaire brut chargé est un obstacle à l'embauche : en moyenne, un senior coûte près de 60% de plus qu'un salarié en début de carrière pour le même poste de travail.

Le Cerf se félicite de cette proposition gagnant-gagnant : hausse du pouvoir d'achat pour le salarié et baisse du coût du travail pour l'employeur. Cette proposition s'inspire en fait du modèle d'exonération de charges sur les heures supplémentaires proposé par les Créateurs dès 2003 et conduisant à travailler plus, pour gagner plus.

Le Cerf tient à souligner la vertu d'une mesure qui vise à soutenir l'activité, génératrice d'une croissance qui fait défaut, et sur laquelle il faut concentrer tous les efforts. Le Cerf ne cesse de le répéter : soutenir le travail, c'est soutenir l'activité. C'est un credo que le Cerf n'a pas abandonné même au plus fort de la crise et sur lequel tout le monde vient aujourd'hui.

Le Cerf soutient donc cette réflexion qui permettrait aux seniors de participer à la relance de notre économie. Il dénonce en revanche tout dispositif qui maintient des travailleurs et des compétences en dehors de la sphère productive. C'est dans le même esprit que le Cerf préconise également, depuis le début de la crise, une mesure à fort effet de levier pour les jeunes diplômés et les chômeurs en fin de droits : l'embauche en déduction des charges à payer.

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28 mai 2010 5 28 /05 /mai /2010 10:08

 

François Fillon ne connaît donc pas les banlieues. Ou mal.

 

En reportant les mesures importantes et immédiates à prendre (révision de la géographique prioritaire, mise en place d'une péréquation plus juste...) en 2011 -mais le calendrier « politique de la ville » du gouvernement est rarement précis-, il a déçu les maires de gauche et de droite venus l'écouter lors de l'installation du Conseil national des Villes (CNV).

 

La supplique de Fadela Amara, l'invitant le 30 avril dernier, à prendre des mesures concrètes, n'a pas atteint son objectif. Fillon se fout des banlieues, comme de nombreux autres élus. La seule préoccupation du gouvernement sera d'être réactif quand les émeutes éclateront, faites de réelles exaspérations et de superficialité délinquante.

François Fillon croit encore aux vertus du droit commun alors que ce dernier parvient tout juste à rehausser son col au bout de plusieurs activations de leviers dérogatoires. A moins que François Fillon ressemble au Français moyen, désireux de vivre en paix (et il en a un droit absolu) mais en se mettant à l'écart physiquement et mentalement des banlieues.

 

Peur, défiance, évitement, notre société se désagrège de l'intérieur par petites dégradations continues de sociabilités (quand les « gens » ne fréquentent plus les mêmes lieux, quand un espace public se « spécialise » autour d'un axe sociologique monochrome, nous pénétrons sans le savoir dans l'aire du ghetto).

 

Il faut presque en revenir à la naïveté de l'action publique, reprendre le chemin des petites mains associatives, des petits étais des petits contrats aidés, remettre du petit symbolisme dans des cités qui n'appartiennent plus qu'à ceux qui font des transgressions des trophées.

Monsieur Fillon, les compétences existent dans les banlieues, les élus, portés par l'urgence du contexte, savent se battre avec trois bouts de ficelle budgétaires alors que certaines communes ont du marbre au sol de leurs écoles.

Faites-leur confiance, reprenez votre mauvais discours du CNV, trop techno, trop inapproprié, trop hors-sujet. Et donner des perspectives dynamogènes à ces acteurs-Sisyphe qui trouvent le rocher de plus en plus lourd.

 

S Menu

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26 mai 2010 3 26 /05 /mai /2010 09:59

La supplique de Fadela Amara à François Fillon, réclamant au plus vite des signes tangibles d'une volonté d'agir dans le domaine oublié de la politique de la ville, est symptomatique de la manière dont la droite -mais la gauche n'est pas exemplaire en la matière- appréhende cette politique dérogatoire. Dans les discussions fréquentes que votre serviteur peut avoir avec les élus ou les observateurs avisés, le même constat revient : la politique de la ville n'est plus « théorisée ».

 

D'une certaine manière, chercheurs, intellectuels, Fillon mais aussi Jospin -qui mît longtemps à se convertir à la nécessité de nommer un ministre de la Ville- sont à mettre dans le même sac. Certes, la police de proximité ou encore les emplois-jeunes, sous la gauche, laissent percevoir quelques nuances. Mais il serait déshonnête d'affirmer que la police de proximité était une assurance tout risque pour la montée de la délinquance et que les emplois-jeunes étaient d'utiles amortisseurs face au chômage des jeunes.

 

La vérité se situe dans le fait que la politique de la ville apparaît au pouvoir centripète comme un inutile gadget pour forcer la main au droit commun. D'une certaine manière, cette posture intellectuelle est saine : du quartier le plus pourri aux logements les plus cossus, les Français pourraient compter sur la variable d'ajustement du droit commun.

 

C'est du droit commun que les corrections doivent se produire et non de dispositifs dérogatoires aux capacités limitées. En la matière, les chantiers ne manquent pas : le droit commun est un totem à la crédibilité bien effrangée. Aller demander aux victimes du délit de faciès, de la discrimination raciale, des marchands de sommeil, des retoqués du Dalo, des écoles enfermées dans les ghettos, ce qu'ils pensent du droit commun...

 

De plus, la politique de la ville relève du volontarisme politique. Il ne s'agit pas ici d'une formule. On y croit ou on n'y croit pas. Si l'on ne croit pas que 10 000 euros accordés à une association pour lutter contre l'illettrisme, que 3 432 euros alloués à une association de femmes ou que sais-je encore jouent un rôle d'évidente consolidation sociale, on ne peut penser à la politique de la ville qu'avec la stupéfaction d'une poule devant un mégot (Hubert-Félix Thiéfaine).

La droite est aux manettes depuis 1995, au plus haut niveau de l'Etat. Globalement, elle ne croit pas à la politique de la ville, malgré les Zones franches urbaines de Jean-Claude Gaudin (1996) ou encore l'ambitieux et têtu programme de rénovation urbaine de Jean-Louis Borloo (2003). Trop abstraite, trop socialo-Canadry, la dite politique...

 

Un jour, peut-être, la gauche reviendra au pouvoir, le vrai, celui de l'Assemblée nationale et de l'Elysée. Elle sera attendue sur ce terrain. Elle devra relever trois défis immenses : l'image des quartiers, 5 millions de Français « mentalisés » par les autres Gaulois comme des voyous, des bons-à-riens, chair humaine à « ghettoïser » au plus vite avec les moyens d'endiguement sécuritaire à la clé ; être intellectuellement au-dessus de la mêlée pour convaincre les autres Français aux protections digitalisées que l'avenir de la France se joue dans les ZUS, c'est-à-dire que le propre d'une société moderne et tendue vers un mieux-être économique ne peut se faire si une grande partie des citoyens ne se sent pas concernés par cette marche en avant ; enfin, faire souffler sur la politique de la ville un vent d'audace, d'initiatives citoyennes, de fraîcheur associative, de dynamique idéelle... Pas pour occuper l'espace, mais pour le remplir d'une « re-narcissisation » collective, si j'ose le mot.

 

A chaque changement de cap politique, le mot changement revient comme une cocaïne de marketing. L'usure des mots est ce qui devance généralement les pires insurrections sociales. Il faudra bien un jour, cher Claude Dilain, cher Pierre Cardo, maires vaillants de gauche et de droite de cette cause, que l'on soit fier de vivre à Villiers-le-Bel ou à Chanteloup-les-Vignes. Sinon, les habitants, dégoûtés d'eux-mêmes, dégoûtés des autres, passeront à l'acte, meurtris par la désolation dans laquelle les pouvoirs publics les auront scandaleusement laissés.

 

Stéphane Menu

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24 mai 2010 1 24 /05 /mai /2010 16:01

 Mardi 25 MAI à 19 heures 15 à Asnieres sur seine. Au café "Le Cercle"  (salle 1er étage)

                                             (face à la Gare SNCF) 


                  A l'occasion de son premier Café-Citoyen, la section de la Gauche Moderne d' Asnieres vous convie à une conférence débat qui verra la  présentation du livre de : 
                  
               Gilles CASANOVA et Marc D'HERE
                 "Plus belle la Gauche : Pour une Gauche Moderne "

Réserver votre ouvrage 06 81 95 26 65
LGM - PLUS BELLE LA GAUCHE.jpg


préface de Jean-Marie BOCKEL


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22 mai 2010 6 22 /05 /mai /2010 20:32

 

 Mardi 25 MAI à 19 heures 15 à Asnieres sur seine. Au café "Le Cercle"  (salle 1er étage)

                                             (face à la Gare SNCF) 


                  A l'occasion de son premier Café-Citoyen, la section de la Gauche Moderne d' Asnieres vous convie à une conférence débat qui verra la  présentation du livre de : 
                  
               Gilles CASANOVA et Marc D'HERE
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préface de Jean-Marie BOCKEL


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20 mai 2010 4 20 /05 /mai /2010 17:32

 

Aujourd'hui, notre pays est occupé doucement, gentiment, insidieusement, par le camp du Bien. La police de la pensée correcte triomphe sur tous les étals médiatico-politiques. Au fur et à mesure des abandons de tout excès polémique, de toute pensée critique, de toute idée non formatée par les utopies droits-de-l'hommistes du côté de la gauche et de l'arnaque financière et publicitaire côté droite, la France se recroqueville. S'emmerde. Se couche. Râle et s'endort en faisant des rêves de star.

Semble enfin accomplie la castration de ce peuple français qui, jadis, prenait des bastilles et, il y a encore quelques décennies, faisait mine de défiler pour changer la vie. L'alibi de la crise a bien travaillé : tous à la niche. Et à la censure. Désormais, il est interdit de ne pas interdire. Ne fumez plus : cancer du poumon. Ne buvez plus : cirrhose du foie. Ne baisez plus : sida et autres maladies sexuellement transmissibles (MST). Ne mangez plus : pesticides et OGM. Ne sortez plus : attentats. Ne parlez plus des juifs : vous serez condamné pour antisémitisme. Ne caricaturez plus Mahomet : vous serez incendié avant d'être égorgé. N'osez plus une plaisanterie sur les gays : l'homophobie vous guette. Ne racontez pas une histoire sur les Blacks : vous serez vitupéré raciste à part entière. En revanche, vous pouvez vous en donner à coeur joie sur la pédophilie de l'Eglise. Plus besoin de procureur : les ciseaux travaillent dans les têtes.

Identité : mot obscène pour le choeur des vierges de la différence reine et du minoritaire roi ; mot à proscrire pour les pleureuses de l'angélisme compassionnel qui consiste à trouver des excuses, des explications et des alibis pour quiconque psalmodie que la France est une "garce à niquer" ou autre amabilité du même acabit.

Etre francopositif est devenu, aux yeux de certains, aussi grave qu'être séropositif. Les bonnes âmes de l'antiracisme, considéré comme fonds de commerce, vous proposeront immédiatement un régime à base de fortes amendes, d'une série d'électrochocs et d'excuses publiques, avec fouet et lapidation en cas de récidive. Oser évoquer un rôle "positif" de la présence française outremer, notamment en Afrique du Nord, vous conduira au moins aux travaux forcés, sinon au peloton d'exécution.

Il s'agit une fois pour toutes d'arrêter cette démarche imbécile qui consiste à désigner l'Occident des Lumières comme l'épicentre de tous les péchés du monde. Ce qui s'est passé, ce qui se passe au Congo et au Nigeria, au Darfour et au Zimbabwe, en Iran et en Syrie, n'a rien à voir aujourd'hui avec l'Occident, mais bien avec la spécificité d'un certain nombre de dictatures que le boboïsme frileux ne saurait voir.

Dans cette société placée sous le règne de la distraction et du renoncement, tout est fait pour nous plonger indéfiniment dans le sommeil hébété des taupes qui ne veulent plus voir que des ébats people, ne plus entendre que des brèves de comptoir complotistes, ne plus dire que ce que leur dicte l'angélisme des notables de la gauche correcte et de la droite congelée.

Cependant que progressent les menaces intégristes et totalitaires, nos démocraties s'abandonnent à un masochisme culpabilisé où victimes et bourreaux s'échangent perversement leurs oripeaux, et ce au moment même où se juxtaposent les folies d'un marché sans contrôle et les pulsions mortifères d'un fanatisme sans fin. Il serait temps que la France se réveille...


André Bercoff est écrivain, journaliste.

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19 mai 2010 3 19 /05 /mai /2010 00:00

Mr Minc fait l'erreur habituelle, guidée par l'âgisme  qui reste le plus ancien  des racismes.

Il est  bien démontré, notamment par les travaux de R Rochefort, que ce n'est pas le "vieillissement" de la population qui augmente les dépenses de santé. Le "vieillissement"  traduit la meilleurs longévité des individus, donc leur meilleur état de santé et de validité. Ce n'est pas en soi une cause de dépense de santé

La cause de l'augmentation des dépenses de santé, qui devrait d'ailleurs se poursuivre, est moins médiatisée. C'est le fait que progressivement depuis les vingt dernières années du 20ème siècle, les malades chroniques vivent. Ils vivent quel que soit leur âge.

 Des malades qui dans les années 1980 vivaient de quelques mois à deux années, vivent aujourd'hui, mais sous traitements, parfois très couteux.

Que ce soient par exemple les mucoviscidoses de l'enfance, les sidas, les cancers métastasiés, les insuffisances rénales chroniques ou les Parkinson de l'adulte, les Alzheimer de la vieillesse, ces personnes vivent  désormais de longues années. La mortalité cardio -vasculaire a diminué de 50 %. Elle n'est  plus la première cause de mortalité. Mais ces "survivants" (sans invalidité pour cette pathologie),  vivent tous sous traitements.

Il parait illogique de se plaindre de ces progrès. A quoi serviraient les avancées économiques et sociales  si leur résultat sur la quantité et la qualité de la vie humaine  étaient supprimés ? Les ressources du progrès ne servent pas qu'à s'acheter chaque jour  plus de gadgets  made in China.

Les meilleurs  indicateurs de développement durables  sont l'espérance de vie et le % de personnes  "âgées".  Ces gains en durée et en qualité de vie ne sont ils pas ce qui donne le plus de sens aux progrès ?  

 En France sur les 13.500.000 "personnes âgées", 12.000.000 sont sans incapacités majeures de quel droit argumenter leurs soins ?  Et celles qui sont plus ou moins "dépendantes" par quelle aberration totalitaire une société aussi riche que la notre leur refuserait elle les soins nécessaires ?  Les économistes aiment nous rappeler que l'économie aussi a une Ethique.

Ne laissons pas diffuser sans réagir ces informations inexactes qui servent les rumeurs âgistes et les vieux démons malthusiens.

Professeur Robert Moulia

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17 mai 2010 1 17 /05 /mai /2010 12:54

Le rapport de la Cour des Comptes sur l'Education nationale du 12 mai met l'accent sur une évidence partagée par tous : le système éducatif français, à défaut de réduire les inégalités, ne fait que les souligner.

 

Les récentes décisions gouvernementales, comme la disparition progressive de la carte scolaire ou des Rased, ont pour effet de renforcer l'effet destructeur sur ce qui reste le seul socle conséquent de l'équité républicaine.

 

L'échec scolaire n'est pas une fatalité.

 

Trop vite, trop systématiquement, des élèves sont confrontés à la dure réalité d'une maldonne sociale. Le discours, repris en boucle par la droite, selon lequel le mérite personnel prévaut sur le lieu de naissance, atteint ses limites.

 

 Non, mille fois non, naître dans une cité sensible ou dans une famille bien née n'est pas indifférent.

 

Dans l'affaire, le pire se situe sans doute dans la masse financière consacrée à l'Education nationale, 53 milliards d'euros par an.

Mais ce financement est mal ciblé, trop uniforme pour être efficace aux bons endroits.

L'échec scolaire est la première et malheureuse étape vers la désocialisation. Il entraîne ses victimes vers un ailleurs transgressif dont les chiffres de la délinquance renvoient l'écho.

 

Entre l'angélisme de gauche et la roideur de droite, il est urgent de trouver le juste milieu qui permettra de déployer les bons dispositifs aux bons endroits pour éviter l'enlisement social, dont il ne sert à rien de nier le fait qu'il est corrélé au lieu de naissance

 

Stéphane Menu

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15 mai 2010 6 15 /05 /mai /2010 11:57

Entendu à la radio : une pub où un gamin complimente sa maman, qui est très contente. L'enfant lui dit que ses copains la trouvent bien, et qu'elle est toujours la mieux « sapée » (en effet, si l'enfant avait dit « habillée », on aurait fait chuter les ventes, mais mon propos n'est pas là).La mère demande à l'enfant de l'aider à ranger la vaisselle. Le chérubin apprenant que ce sont les assiettes de mamie, demande "Elle mangeait dedans quand elle était pas morte ?". Suit un slogan niais sur une musique niaise pour vanter « les arts de la table », et nous inviter à vite changer de vaisselle.

 

Cette tyrannie de la consommation doublée d'un discrédit affiché de tout ce qui pourrait avoir trait au passé est révélateur. Il y a pire, c'est sûr, mais mille bassesses répétées, assénées, montrées en exemple finissent par être non seulement un indicateur de l'évolution des valeurs, mais sont en plus un accélérateurde cette évolution. Voyez-vous, lorsqu'on a trop réussi sa vie, on sent - tout en n'ayant rien fait, mon dieu, de vraiment mal - ces mille petits dégoûts de soi, dont le total ne fait pas un remord, mais une gène obscure... ». dit le le Duc de Guiche, s'interrogeant, à la fin de sa vie sur le sens de ses actes. C'est dans le Cyrano d'Edmond Rostand, que je lisais quand je n'étais pas mort.

 

Les marchands de tout poil (de toute poêle en l'occurrence) ont toujours cherché à ringardiser l'ancien pour qu'on achète du nouveau, mais que tranquillement un publicitaire imagine une telle formule "Elle mangeait dedans quand elle était pas morte ?", et qu'un groupe de créâââtifs décérébrés(c'est bon ça coco, c'est super bon !) la retienne pour la proposer à un client me dépasse. Le client l'a accepté sans souci pour son image, trouvant normal qu'un enfant ait le dernier mot sur sa mère, qui ne peut lui dire combien vivre avec des objets ayant appartenu à ceux qu'on aime est une façon d'encore vivre avec eux, et de les porter dans notre quotidien, de les honorer sans les sacraliser.

La pub est pleine de ces glissements subtils, et abjects : mort signifie « à jeter », ride signifie « maladie » (il y a longtemps, dans un cours d'anthropologie du corps j'avais fait travailler mes étudiants sur les pubs pour les produits de beauté et anti-rides, c'est édifiant... exemple : slogan de nivea pour ses crèmes : la santé passe aussi par la peau...).

Ma Mamie est morte cet hiver, elle avait gardé une vieille timbale métallique au fond de son placard, déformée par les années, un truc sans valeur, que j'ai maintenant chez moi. Il y avait dedans toute mon enfance, et les menthes à l'eau qu'elle m'y servait. Il y avait mes culottes courtes, et sa façon de préparer les tartines avec les fraises du jardin, en mettant du sucre dessus, il y avait les clapiers où j'allais embêter les lapins, il y avait même une vieille estafette du marchand ambulant qui arrivait dans la rue en klaxonnant, elle m'y achetait les chaussons pour l'année. Il y avait tout ça au fond de la timbale. Et dedans, il y avait bien plus encore, que je ne vais pas raconter là... tout un chacun pétri d'un peu d'humanité saura de quoi je parle. Tout un chacun sauf les publicitaires qui saccagent tout.

Ce sont eux les barbares.

C'est eux qui sont morts.


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